Le Mouflon de Corse, considéré auparavant comme une espèce endémique de Corse et de Sardaigne (Ovis musimon, Pallas 1811), est en fait un mouton domestique (Ovis aries) retourné à l’état sauvage. En 1957, un couple, en provenance du Zoo de Vincennes, a été introduit avec succès dans l’Archipel de Kerguelen sur l’île Haute (6 km2) (Lésel, 1967). Ce couple a donné naissance à une population florissante, comptant certaines années entre 600 et 700 individus (Kaeuffer et al. 2010). Leur présence est à l’origine d’une modification profonde du milieu, notamment par la raréfaction d’espèces endémiques du domaine subantarctique, comme le Chou de Kerguelen (Pringlea antiscorbutica), et par une augmentation des phénomènes d’érosion. Sur cette île, les modifications du couvert végétal sont également dues à l’ensemencement volontaire, en 1973, de plantes fourragères (Poacées) destinées à augmenter les capacités d’accueil de l’île (Bourzat & Monié, 1977). Entre 1990 et 1995, la biologie de cette population a fait l’objet de nombreux travaux, notamment en relation avec son cycle démographique de type cyclique-catastrophique (Boussès et al., 1994 ; Kaeuffer et al., 2007, 2008, 2010 ; Moncorps et al., 1997 ; Pisanu et al., 1996). En 2008, l’élimination des ovins introduits à Kerguelen, dont le mouflon, a été inscrite dans le plan d’action “biodiversité” des TAAF et initiée en 2009 (après une phase de contrôle de la population débutée à la fin des années 1990). En 2011, 5 individus étaient encore présents, dont 4 ont été abattus en 2012 (TAAF, 2013). En 2014, l’éradication était confirmée. Suite à l’élimination de cet herbivore (le seul présent sur l’île), les graminées introduites se sont développées, certaines devenant envahissantes, notamment le Dactyle (Dactylis glomerata), disséminant ses graines et formant des prairies denses sur de grandes surfaces (J.-L. Chapuis, com. pers.).
Bourzat D. & Monié J.-P. (1977). Evolution des pâturages aux îles Kerguelen. Mémoire ITA, INSPA, Dijon 124 p.
Boussès P., Réale D. & Chapuis J.-L. (1994). Mortalité hivernale massive dans la population de mouflons de Corse (Ovis ammon musimon) de l’archipel de Kerguelen. Mammalia, 58 : 211-223.
Kaeuffer R., Bonenfant C., Chapuis J.-L. & Devillard S. (2010). Dynamics of an introduced population of mouflon (Ovis aries) on the sub-Antarctic archipelago of Kerguelen. Ecography, 33: 435-442.
Kaeuffer R., Coltman D.W., Chapuis J.-L., Pontier D. & Réale D. (2007). Unexpected heterozygosity in an island mouflon population founded by a single pair of individuals. Proc. R. Soc. B, 274: 527-533.
Kaeuffer R., Réale D., Pontier D., Chapuis J.-L., Coltman D.W. (2008). Local effects of inbreeding on embryo number and consequences for genetic diversity in Kerguelen mouflon. Biology letters, 4: 504-507.
Lésel, R. (1967). Contribution à l’étude écologique de quelques mammifères importés aux îles Kerguelen. Terres Australes et Antarctiques Françaises, 38 : 3–40.
Moncorps S., Boussès P., Réale D. & Chapuis J.-L. (1997). Diurnal time budget of the mouflon (Ovis musimon) on the Kerguelen archipelago: influence of food resources, age and sex. Can. J. Zool., 75: 1828-1834.
Pisanu B., Chapuis J.-L., Combes O. & Durette-Desset M.C. (1996). Richesse spécifique en helminthes gastro-intestinaux du mouflon de Corse (Ovis musimon) et du mouton (Ovis aries) introduits dans l’archipel de Kerguelen (Terres Australes et Antarctiques Françaises). Vie et Milieu, 46, 305-312.
TAAF (2013). Bilan d’activités 2012 de la réserve naturelle des Terres australes françaises.
L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature est la plus grande et la plus ancienne des organisations globales environnementales au monde.
Site du comité français de l'UICN : www.uicn.fr
Comité français de l’UICN
259-261 rue de Paris
93100 Montreuil
Tél. : 01 47 07 78 58
E-mail : yohann.soubeyran@uicn.fr
NOUS TROUVER : Plan d'accès