L’aquariophilie et la pisciculture, des sources d’introduction de poissons d’eau douce en Guyane française

La zone néotropicale est connue comme l’une des régions biogéographiques les moins impactées par les poissons introduits. Cependant, les dernières observations témoignent d’une augmentation des invasions biologiques dans les cours d’eau, notamment en Guyane française. Celle-ci est délimitée par les fleuves Maroni et Oyapock qui la séparent des deux pays limitrophes que sont le Suriname et le Brésil, ce dernier étant identifié comme un hotspot d’invasions de poissons.

Vers une amplification des invasions biologiques dans les eaux guyanaises ?

Figure 1 : Carte de la Guyane française indiquant les principaux bassins fluviaux et la localité des principales concentrations de populations humaines (Brosse et al, 2021)

D’après les observations antérieures à cette étude, peu d’espèces introduites sont parvenues à s’établir hormis le Tétra Joyau (Hyphessobrycon eques) et le Poisson héros (Heros efasciatus). Des rapports plus récents ont aussi confirmé l’établissement du Guppy (Poecilia reticulata). La situation en Guyane ne semblait donc pas très alarmante, cependant, l’augmentation des activités récréatives et commerciales telles que l’aquariophilie et la pisciculture, induites par l’accroissement démographique dans cette région, a suscité des interrogations au sein de la communauté scientifique quant aux risques d’introductions associés.

C’est dans ce contexte que cette étude a été réalisée afin d’effectuer un état des lieux des introductions de poissons dans les eaux guyanaises mais aussi pour connaître la répartition des espèces non indigènes sur le territoire.

11 espèces introduites dont 4 déjà établies et 2 non retrouvées sur le territoire

La synthèse des observations est présentée dans le tableau suivant :

Les quatre espèces qui sont parvenues à s’établir ont été observées dans des milieux naturels et artificiels ressemblant à leur habitat naturel.

Différentes voies d’introduction possibles selon les usages

Les espèces d’intérêt ornemental telles que Heros efasciatus, Mesonauta Guyanae, Hyphessobrycon eques, Poecilia reticulata, Cyprinius carpio et Pterophyllum scalare ont été détectées à proximité des villes et sont probablement issues de déversements d’aquariums. Cyprinus carpio et Pterophyllum scalare ont été observées dans une gravière couramment utilisée par les habitants pour la pêche et la plongée et auraient ainsi été introduites pour des raisons récréatives. La pisciculture intensive pratiquée au Suriname et au Brésil ainsi que des élevages illégaux à proximité de villages en Guyane sont probablement la cause d’échappées des autres espèces mentionnées dans le tableau ci-dessus.

L’augmentation du nombre d’espèces introduites et de la fréquence des évènements d’introductions alertent sur une tendance à l’amplification des invasions biologiques dans les milieux aquatiques en Guyane française.

Cette étude appelle ainsi à une vigilance renforcée pour limiter l’arrivée de nouvelles espèces et encourage les actions de sensibilisation pour conduire à un ajustement des pratiques.

Accédez à la publication :

Brosse, S., Baglan, A., Covain, R., Lalagüe, H., Le Bail, P-Y., Vigouroux, R., Quartarollo, G. Aquarium trade and fish farms as a source of non-native frshwater fish introductions in French Guiana. Ann.Limnol. – Int.J. Lim., 57(2021)4

Nous contacter

Pour plus d'information sur l'initiative, n'hésitez pas à nous écrire.

Not readable? Change text. captcha txt