Contribution des EEE au déclin des lézards et de la flore de Nouvelle-Calédonie
La Nouvelle-Calédonie abrite de nombreuses espèces endémiques avec plus de 75 % de la flore et 90 % des lézards de l’archipel présents nulle part ailleurs et constitue un point chaud de la biodiversité mondiale. Au terme d’un état des lieux conduit sur près de 10 ans, 69 espèces de reptiles et 643 espèces de plantes se révèlent menacées de disparition avec comme principales causes : les incendies (feux de brousse d’origine humaine accentués par la sécheresse), les activités minières et les espèces exotiques envahissantes (EEE).
Cet état des lieux a porté sur une grande partie des lézards (comprenant les geckos et les scinques). Au total, sur 104 lézards indigènes connus dans l’archipel, 66 % sont menacés et pourraient disparaitre si aucune mesure de conservation n’était renforcée. D’après cette analyse, les EEE menacent la totalité des espèces étudiées. La Petite fourmi de feu (Wasmania auropunctata) en particulier, contribue au classement « En danger critique » du Diérogecko du Sommet de Poum. De plus, les chats harets et les rats noirs affectent de nombreux lézards comme le Bavayia de Goro classé « En danger ». Par ailleurs, la dégradation des habitats de certaines de ces espèces est accentuée par des modifications profondes de la végétation provoquées par la pression d’herbivorie des cerfs et des cochons introduits.
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Concernant la flore, sur les 1624 espèces évaluées dans le cadre de cet état des lieux, 40% sont menacées et 221 autres quasi menacées (14%), soit plus de la moitié des espèces végétales qui pourraient disparaitre si les mesure de conservation n’étaient pas suffisantes. Près de la moitié des espèces végétales indigènes évaluées sont menacées par au moins une EEE. Le Cerf rusa par exemple, exerce une forte pression en consommant les pieds ou les graines des végétaux, entravant la régénération des forêts de basses altitudes. Avec la présence également de rats, de chèvres ou encore de cochons, les arbustes comme Pittosporum tanianum ou la fougère Ptisana rolandiprinciois sont désormais proches de l’extinction et classés « En danger critique ». Les plantes exotiques contribuent également au déclin de plantes indigènes par compétition spatiale et trophique. Des champignons introduits peuvent aussi devenir des pathogènes et affecter les plantes indigènes comme Austropuccinia psidii à l’origine de la rouille des Myrtacées.
Pour faire face aux impacts des EEE, des travaux de gestion de ces espèces sont conduits en Nouvelle-Calédonie et sont encadrés par une stratégie locale de gestion déclinée en plan d’action quinquennal. Ce dernier implique plusieurs acteurs du territoire et est coordonné par l’Agence néocalédonienne de la biodiversité (ANCB). Le premier plan d’action est arrivé à son terme en 2022. Son évaluation et la définition d’un nouveau cadre d’action pour la période 2023-2028 ont été réalisées.
Cet état des lieux des lézards et de la flore de Nouvelle-Calédonie a été réalisé par l’association Endemia dans le cadre de la Liste rouge mondiale des espèces menacées. Ces travaux ont bénéficié de la contribution des organisations scientifiques du territoire et de l’expertise d’un réseau de plus de 100 spécialistes. Ces résultats intègrent désormais la Liste rouge nationale des espèces menacées de France coordonnée par le Comité français de l’UICN, l’OFB et le MNHN.
En savoir plus :
- https://uicn.fr/liste-rouge-lezards-flore-nouvelle-caledonie/
- Endemia, UICN Comité français, OFB et MNHN (2024). La Liste rouge des espèces menacées en France – Chapitre Lézards de Nouvelle-Calédonie. Paris, France
- Endemia, UICN Comité français, OFB et MNHN (2024). La Liste rouge des espèces menacées en France – Chapitre Flore vasculaire de Nouvelle-Calédonie – 1er volet. Paris, France
Photo du Haut de page : Sommet du Mont Humboldt © Benoît Henry