De nouveaux leviers réglementaires pour freiner les invasions biologiques à Saint-Barthélemy

La réglementation relative aux EEE dans les collectivités d’outre-mer dépend des territoires concernés, comme Saint-Barthélemy par exemple, qui dispose d’une certaine autonomie et s’est vu reconnaître un pouvoir réglementaire pour l’exercice de ses compétences administratives. Ainsi cette île dispose de son propre Code de l’environnement dont découlent plusieurs mesures concernant les EEE, dont de nouvelles qui depuis début 2022 renforcent cette réglementation.

Importation des végétaux

Saisie de plantes exotiques envahissantes © Karl Questel

A l’image des arrêtés ministériels de niveau II permettant la transcription du Règlement européen en droit français dans les RUP, Saint-Barthélemy dispose aussi depuis 2022, d’une liste d’espèces végétales interdites d’importation, de transport, d’échange, de mise en vente ou d’achat. Sont incluses dans cette liste, des espèces connues pour leur caractère très envahissant ainsi que des familles entières de taxons exotiques pouvant s’étendre en milieu insulaire xérophile.

Pour assurer l’application de ces mesures, des contrôles ont été effectués l’année dernière, représentant un total de 191 plantes interdites détruites lors de 78 contrôles.

Importation, détention et déclaration des Nacs

Depuis le 1er janvier 2023, les animaux non-domestiques ne figurant pas sur la liste des espèces animales indigènes annexée au Code de l’environnement de Saint-Barthélemy sont interdites d’importation et de détention, s’ils n’ont pas fait l’objet d’une demande d’autorisation auprès de la collectivité. Ainsi, en prévision de l’entrée en vigueur de cette nouvelle mesure, les détenteurs de Nacs ont eu la possibilité de régulariser leur situation en déclarant les espèces détenues auprès de l’ATE entre le 1er janvier et le 31 décembre 2022. Malgré les nombreuses communications relayées par les médias locaux et les réseaux sociaux, seulement 25 déclarations ont été faites concernant principalement des perroquets. De nombreux animaux détenus restent alors à ce jour non déclarés, notamment des pythons et autres reptiles pour lesquels il ne fait nul doute que des particuliers en ont actuellement en leur possession sur l’île.

Cacatua alba © Karl Questel

Amazona amazonica © Karl Questel

Stérilisation des mammifères carnivores

Chat capturé pour être stérilisé © Karl Questel

Comme de nombreuses autres îles, les chats errants constituent un fléau pour les espèces de faune indigènes. En réponse à ce phénomène, des campagnes de stérilisation ont été organisées entre 2014 et 2021 permettant la capture et la stérilisation de 3399 chats et le coût total de cette opération s’est élevé à 135 000 euros. Pour renforcer la lutte contre la propagation de mammifères introduits, il est interdit depuis le 1er janvier 2022, d’importer des mammifères carnivores stérilisés ou non, à l’exception du chien domestique (sans qu’il ait été préalablement stérilisé). Car cette mesure tend à limiter principalement la propagation des chats, les chiens ne constituants pas un enjeu fort à Saint-Barthélemy.

Quelques mots pour conclure

La réglementation à Saint-Barthélemy a fait de nets progrès depuis l’année dernière, mais de nombreuses sources d’entrée d’espèces exogènes ne sont toujours pas contrôlées, comme les passagers clandestins sur les plantes importées et les graines vendues dans les magasins. Si pour les plantes en provenance de Floride, le message semble être bien passé, il reste un effort  de communication à faire, tant auprès des douanes que des particuliers en ce qui concerne les mammifères carnivores.

Pour en savoir plus :

 

Photo du haut de page : Anolis exotiques trouvés dans des conteneurs en provenance de Floride © Karl Questel

Rédaction et contributions : Karl Questel (Agence territoriale de l’environnement) et Clara Singh (Comité français de l’UICN)

 

 

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