A la rencontre de Lyza Héry : Chargée de mission EEE à l’ARB des Iles de Guadeloupe

Après avoir soutenu sa thèse visant à étudier l’influence des gîtes larvaires sur le microbiote bactérien, la compétence vectorielle et la survie du moustique Aedes aegypti, Lyza Héry a rejoint l’équipe de l’Agence régionale de la biodiversité des Iles de Guadeloupe. Désormais membre du Réseau EEE outre-mer, Lyza a accepté de répondre à nos questions sur ses travaux de recherche et ses nouvelles missions au sein de l’ARB.

1) Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis née et j’ai grandi en Guadeloupe. J’y suis restée pour effectuer la majeure partie de mes études et réaliser ma thèse en entomologie médicale soutenue en 2020. Je suis chargée de mission EEE à l’Agence régionale de la biodiversité des îles de Guadeloupe (ARB-IG). J’ai intégré l’équipe en juillet 2023, après avoir enseigné deux ans les sciences de la vie et de la Terre au sein de l’académie de Guadeloupe.

2) Vous avez effectué un doctorat avant de rejoindre l’équipe de l’ARB, pouvez-vous nous parler de vos travaux de recherche ?

Mes travaux de recherche ont porté sur le moustique Aedes Aegypti qui est le vecteur la dengue, du chikungunya et du Zika en Guadeloupe et en Guyane française. J’ai étudié l’influence des communautés bactériennes de l’eau des gîtes larvaires sur le microbiote, la compétence vectorielle (aptitude du moustique à permettre le développement du virus) et la survie du vecteur. Ce sujet est parti de deux constats : le premier est que certaines bactéries introduites chez les femelles peuvent bloquer la transmission des virus aux humains. Le second constat est qu’une grande partie des bactéries du moustique adulte est acquise lors de son développement dans les gîtes larvaires.
Nos résultats ont montré que les différences de microbiote des eaux des gîtes présents sur le terrain impactent l’abondance bactérienne associée aux moustiques et la transmission des virus. Le but ultime est de pouvoir identifier des bactéries candidates, trouvées dans des conditions naturelles, pour réduire la compétence vectorielle d’ A. aegypti.

3) L’implantation de l’ARB en Guadeloupe est récente. Sur quels aspects sera-t-elle mobilisée sur la thématique des EEE, et plus particulièrement vous dans le cadre de vos missions ?

En effet, l’Agence régionale de la biodiversité des îles de Guadeloupe (ARB-IG) est la première agence de la biodiversité en outre-mer à être opérationnelle depuis 2022. Parmi ses axes d’intervention, l’ARB-IG a pour mission d’animer et coordonner la stratégie régionale relative aux EEE en Guadeloupe 2021-2030 publiée en avril 2022. Nous avons aussi pour mission de porter la stratégie auprès des collectivités et de veiller à ce que la problématique des EEE s’intègre dans les politiques publiques.
Depuis ma prise de poste en juillet, je rencontre les acteurs déjà impliqués dans les actions de lutte pour connaître leurs opérations, leurs moyens, et leurs besoins. Cela me permet également de réaliser un état des lieux des actions et études mises en œuvre sur le territoire. Mon prochain objectif sera de réunir le groupe de travail EEE qui doit se structurer, et parvenir à un accord mutuel sur le fonctionnement du GT et sur les prochains objectifs pour mettre en œuvre la stratégie. Au sein de notre pôle Animation et sensibilisation, nous développerons le volet communication sur les EEE qui est un axe important de la stratégie.

 

Stratégie régionale relative aux EEE en Guadeloupe et à Saint-Martin 2021-2030

 

 

Organigramme de l’ARB-IG

 

4) Pouvez-vous nous dresser un petit panorama des actions phares conduites actuellement sur les EEE sur les Iles de Guadeloupe ?

Depuis 2022, l’entreprise Le Domaine Canin mène une opération de lutte contre les iguanes communs, à l’aide d’une équipe cynophile formée à la détection des œufs et à la capture. Les résultats de cette méthode sont très positifs. Des interventions de gestion de Miconia calvescens en Basse-Terre continuent d’être menées par l’ONF, et la diminution du nombre de gros individus arrachés cette année montre l’efficacité des actions sur le terrain. Il y a également une nouvelle opération qui a été lancée par les équipes du Parc national de la Guadeloupe et de la ville de Sainte-Rose pour la restauration du site de Pointe-Allègre-Nogent, une zone humide d’intérêt écologique nécessitant l’élimination des laitues d’eau, des jacinthes d’eau et du Typha.

Une étude sur la répartition et l’abondance de la Tortue de Floride a été réalisée pour connaître leurs impacts sur les écosystèmes d’eau douce et les gérer. L’étude a été publiée en septembre 2023 (Paul, J.M et al., 2023- ONG Caribaea Initiative).
Des campagnes de régulation du Poisson-lion, toujours en cours, et de la Petite mangouste indienne, menées respectivement à la demande de la DEAL et par l’ONF font aussi partie des actions conduites cette année.

Panneau installé sur le chantier de renaturation de la Pointe-Allègre Nogent (Sainte-Rose)

 

Panneau pédagogique installé à Terre-de-Haut, devant la mare de Marigot, débarrassée des trachémydes exotiques envahissantes pour permettre à l’écosystème de se reconstruire. Projet MERCI coordonné

 

5) Des actions de coopération régionale avec d’autres îles des Antilles pourraient-elles également être envisagées dans le cadre de cette stratégie ?

Il faut noter que la stratégie concerne aussi bien l’archipel de Guadeloupe que le territoire de Saint-Martin. Les échanges, notamment sur les retours d’expérience avec d’autres îles proches sont très importants. La Guadeloupe partage aussi avec la Martinique cette problématique avec des procédures qui peuvent être similaires au niveau des contrôles aux frontières. D’ailleurs, les DEAL des deux territoires ont déjà lancé une réflexion commune depuis quelques années. Des actions de coopération seront sans doute proposées par le groupe de travail EEE, notamment sur l’enjeu des EEE marines.

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