Polynésie française : Éradication des rats et restauration de la végétation sur le motu Reiono

En 2018, une opération « test » de dératisation a été réalisée sur l’île Reiono (atoll de Tetiaroa, îles de la Société). Les modalités de la méthode utilisée étaient volontairement différentes de celles recommandées généralement pour ce type d’interventions, avec une quantité d’appât plus faible et une durée d’exposition réduite. Son succès démontre la possibilité d’adapter au cas par cas les méthodes de dératisation et permettra d’engager des opérations sur les autres îles de l’atoll dans le cadre du Plan de conservation et de gestion durable de Tetiaroa. Un suivi de la recolonisation de la végétation sur le motu suite à la disparition des rats est également en cours.

L’atoll de Tetiaroa, composé de 12 îles (ou motus) est situé dans l’archipel des îles de la Société, à 50 km au nord de Tahiti. Le Plan de conservation et de gestion durable (CASUP), mis en place par la Tetiaroa Society, gestionnaire des îles, prévoit un projet de restauration de l’atoll se concentrant notamment sur l’élimination des espèces envahissantes, en particulier les rats. Comme dans de nombreuses îles, la prédation qu’ils exercent a entrainé la réduction des populations d’oiseaux indigènes et ils consomment également des juvéniles de tortues de mer, de crabes et d’autres espèces d’invertébrés, ainsi que des plantes indigènes.

Capture d’écran issue des pièges-caméras posés à Reiono © A. Samaniego

Le motu Reiono, situé au sud de l’atoll, a fait l’objet d’une première opération de dératisation en août 2018. Sur cet îlot de 22 hectares, la densité de rats était alors estimée à 65 à 153 rats par hectare. Les méthodes recommandées pour les interventions de dératisations, telles qu’utilisées sur l’atoll de Palmyra par exemple, ont été adaptées afin d’observer l’effet d’une réduction des quantités d’appât et de la durée d’exposition. Ainsi, deux applications de 16 kg par hectare d’appâts empoisonnés ont été réalisées à 7 jours d’intervalles (les 21 et 28 août), couvrant toutes les zones végétalisées de l’île. Les plages de sable n’étaient pas appâtées, afin de réduire la possibilité d’impacter des espèces non-ciblées, sur lesquelles aucun impact n’a par ailleurs été constaté.

Si les rats n’étaient déjà plus observés juste avant la deuxième application des appâts, une mission d’évaluation en novembre 2018, soit 11 semaines après les interventions, a permis de conclure au succès de l’opération, aucune observation de rat n’ayant été à nouveau réalisée. Cette première opération permet donc d’envisager une éradication de l’espèce à l’échelle du reste de l’atoll avec des ressources matérielles et humaines nécessaires réduites par rapport aux protocoles recommandés d’après les interventions réalisées dans d’autres localités.

Suivi de la recolonisation végétale à Reiono ©J-Y Meyer

Un suivi de l’impact de la dératisation sur la végétation a également été mis en place. Des relevés ont tout d’abord été réalisés en août 2018, avant le début des interventions, puis une première mission de suivi réalisée en août 2019. Une augmentation de la germination est déjà observée pour plusieurs espèces dont l’arbre indigène Pisonia grandis, mais également pour le cocotier (Cocos nucifera), espèce exotique dont la régulation devrait être envisagée.

Le suivi de la végétation se poursuit sur le motu Reiono en 2020 et le protocole d’étude sur la dynamique forestière a été élargi à l’ensemble des motus, avant un programme d’éradication des rats prévu sur tout l’atoll en fin d’année 2020.

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