Les espèces exotiques envahissantes comme principale cause de la dégradation de la flore vasculaire de La Réunion

En 2010, un premier état des lieux du risque de disparition de la flore vasculaire de l’île de La Réunion établit à 30% la part d’espèces menacées. En novembre 2023, une actualisation de ce premier bilan montre une aggravation de la situation : aujourd’hui, 41% des espèces sont menacées. 

La flore vasculaire de La Réunion est caractérisée par sa richesse et par son grand nombre d’espèces endémiques, c’est à dire qui ne sont présentes nulle part ailleurs. Cette flore exceptionnelle est toutefois soumise à différentes pressions dont celles des invasions biologiques, de la destruction des habitats et du changement climatique. Après un premier bilan du risque de disparition de la flore vasculaire de l’île en 2010, établissant à 30% la part d’espèces menacées, un travail d’actualisation a été mené par le Conservatoire botanique national & Centre permanent d’initiatives pour l’environnement de Mascarin (CBNM), avec l’appui du Comité français de l’UICN et de l’unité PatriNat (OFB-MNHN-CNRS-IRD).

Après analyse, sur les 962 espèces indigènes évaluées de La Réunion, 395 espèces sont considérées comme menacées, 31 quasi menacées, et 41 ont déjà disparu.  Ces chiffres reflètent une dégradation de l’état de la flore vasculaire réunionnaise : 41% des espèces indigènes de l’île sont menacées aujourd’hui, contre 30% en 2010. En excluant les espèces nouvellement évaluées ou dont les données n’étaient pas suffisantes en 2010 pour permettre une comparaison, on compte 95 espèces qui ont vu leur catégorie de menace empirer.

Les espèces exotiques envahissantes sont identifiées comme la principale menace pesant sur la flore native. Elles impactent tous les étages de la végétation indigène de La Réunion, expliquant ainsi le déclin observé. En effet, de nombreuses espèces exotiques envahissantes animales et végétales sont présentes sur l’île. Parmi elles, on peut citer l’Achatine (Lissachatina fulica), la Liane papillon (Hiptage benghalensis) et le Longose (Hedychium gardnerianum).

DES EXEMPLES D’ESPECES EXOTIQUES ENVAHISSANTES PRESENTES A LA REUNION

 

 

 

 

L’Achatine, ou Escargot géant d’Afrique, est particulièrement vorace et constitue une menace pour la flore indigène qu’il consomme. Il consomme notamment le Bois d’ortie (Obetia ficifolia) et le Bois de senteur blanc (Ruizia cordata), deux plantes endémiques classées respectivement “en danger” et “en danger critique” d’extinction, et dont les populations déclinent. La Liane papillon est une des espèces exotiques envahissantes ayant l’impact écologique le plus important à La Réunion. Elle forme des fourrés denses qui étouffent la végétation indigène. 43 espèces végétales sont menacées par cette plante, dont le Bois puant (Foetidia mauritiana), classé “En danger critique” d’extinction. Le Longose, originaire des régions himalayennes, forme une couverture végétale qui absorbe le flux lumineux et empêche les plantes indigènes de se régénérer. Cette plante menace notamment l’Angrec à petites feuilles (Angraecum tenuifolium), qui est passé de “Préoccupation mineure” à “Vulnérable” depuis 2010.

Des opérations de gestion sont mises en place depuis plusieurs années pour faire face aux menaces qui pèsent sur la biodiversité de l’île. La lutte contre les espèces exotiques envahissantes a été amplifiée dans les milieux prioritaires et nécessite d’être renforcée pour sauvegarder l’exceptionnelle richesse de la flore de La Réunion.


Pour en savoir plus :

 

Crédit bandeau photo : BALANilamegame via Wikimedia Commons

Rédaction : Camille Bernery (Comité français de l’UICN)

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